Tadao Ando

01/04/2022

L’homme aux 300 projets, Tadao Ando, est considéré comme un trésor national dans son pays d’origine, le Japon. Reconnu pour son travail avec le béton et la lumière, son œuvre est reconnue internationalement. Parmi ses distinctions : la médaille d’or de l’UIA en 2005 et le prix Pritzker en 1995.

Lequel de vos projets représente le mieux votre philosophie architecturale et pourquoi ?

J’essaie de ne pas trop m’attarder sur les réalisations du passé. Je m’efforce de me remettre constamment en question et d’évoluer. Je travaille actuellement sur le réaménagement de la Bourse de Commerce de Paris. C’est un grand espace d’art contemporain dans le centre de Paris, à proximité du Louvre et du Centre Pompidou. A l’intérieur de la rotonde d’une halle aux grains du XVIIe siècle, nous créons un cylindre de béton qui entourera toutes les sculptures et peintures de la collection. En juxtaposant l’architecture traditionnelle à l’architecture contemporaine, c’est un tout nouveau monde de formes qui s’ouvre.

Quel est le point de départ et le processus créatif pour vos projets ?

Je commence chaque projet par un croquis à la main. A l’ère de l’informatique et de la technologie, les architectes et les designers doivent compter sur leur instinct et leur imagination. L’architecture est à un point de basculement où les êtres humains deviennent moins nécessaires au processus de conception. Avec le développement de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage informatique, ce n’est qu’une question de temps jusqu’à ce que l’ensemble du processus soit achevé. Cependant, bien que l’architecture standard et le copié-collé soient en mesure de produire rapidement des résultats avec peu de supervision humaine, il n’est pas facile de créer des espaces qui inspirent l’espoir avec une profondeur physique et émotionnelle. Ce genre d’espace ne peut être rationalisé ou quantifié parce qu’il facilite le lien entre les êtres humains. Consciemment ou inconsciemment, les gens auront toujours envie de se rassembler dans ce genre d’espace.

Quel est l’effet désiré de votre travail sur les personnes qui utilisent les espaces que vous créez ?

Je n’ai aucun contrôle sur la façon dont les gens vont utiliser ou réagir aux espaces que je conçois. Cependant, j’espère que les bâtiments que j’ai créés arrivent à mettre les visiteurs à l’aise et permettent une meilleure connexion à la nature, y compris la lumière, l’eau et le vent. Lorsque l’on démonte l’architecture jusqu’à l’os, les humains et la nature peuvent vraiment s’intégrer et on peut se sentir comme si on y vivait vraiment. Un bâtiment bien conçu a la capacité de devenir un lieu de repos pour l’esprit, un lieu de contemplation.

Votre travail exprime souvent les synergies entre l’architecture et la nature. Lorsque la nature est menacée par l’environnement bâti, comment l’architecture doit-elle évoluer ?

Au lieu de construire de nouvelles choses, nous devrions mieux prendre soin de l’architecture qui existe déjà. Dans toute la Chine et l’Asie de l’Est, la vitesse des nouveaux développements est étonnante. Des centaines de bâtiments sont construits à un rythme époustouflant suivant de grands plans directeurs. Nous devrions être plus conscients de la façon dont nos actions affecteront le monde. Au cours de cette épidémie de Coronavirus, l’humanité a compris la mondialisation du monde. Chacune de nos sociétés est interconnectée. Si les gens cessent de travailler, le mode de vie auquel nous nous sommes habitués commencera à changer. L’architecture doit évoluer pour atténuer les problèmes de la société.